Ces deux pretres se transporterent
chez M-r de Voltaire qui etoit alors dans une langueur
un assoupissement et un stupeur
vraiment effrayantes. II etoit dailleurs fort affaibli par la
douleur et par le defaut de nonrriture que son estomac ne pouvoit pas
supporter. Lorsque
les deux pretres entrerent dans la chambre du malade ils
y
trouverent M-rs tons deux amis de
M-r
de Voltaire. Ces Messieurs demanderent au cure si leur presence etoit de
trop dans cette funeste circonstance; le cure repondit que non. Alors on
annooea a M-r de
Voltaire Гаг du cure de S-t Solpice. La premiere fois il
ne parut pas avoir entendu. On repeta; alors M-r de Voltaire
repondit: Difes lui que je le respecte et il passa son bras
autour du col du cure pour lui donner une marque dattachement. Le cure
sapprocha alors
pins pret du lit et apres lui avoir parle de Diea de la moil et de sa
fin prochaine il lni demanda dune voix assez haute: Monsieur reconnoissez vous
la ditinite de Jesus Christ Aussitdt
M-r de Voltaire parut rassembler toutes ses forces fit effort pour se mettie sur
son seant quitta brusquement le cure
quil tenoit presque embrasse et se servant du meme bras quil avail jete autour
du col du cure il
fit un geste de colere et dindignation et paroissant reponsser ce pretre
fanatiqne il lui
dit dune voix forte et tres assuree: Laissez moi mourir en paix et il lui
tourna aussitdt
le doe. Alors le cure se retourna du cdte des assistans et leur
dit avec plus desprit et dadresse quon avail lieu den attendre dune tele aussi
etrangement troublee par la superstition: Messieurs
vous voyez bien quil na pas sa tete. II demanda
alors une plume et du papier ecrivit une permission de. transporter sans
сгтоце le corps
de M-r de Voltaire partout oil Ton voudroil; il declara par le те ecrit quil
labandonnoil.